
Il y a quelques mois, PMR Croquons la vie n’était encore qu’un projet dans la tête de Michèle Steurbaut qui en faisait part dans nos lignes. Aujourd’hui, le concept est lancé et grandit petit à petit : « J’ai signé chez le notaire, nous sommes désormais une ASBL », sourit Michèle. L’ASBL a un logo, des visites en cours, et une mission simple : rendre visible l’accessibilité réelle des établissements Horeca. « Quand vous verrez ce logo sur une vitrine, ce ne sera pas juste un symbole : ce sera la garantie que le lieu a été vérifié par des personnes concernées, jusqu’aux toilettes. » « Des conseils ont également été donnés aux restaurateurs : c’est vraiment un projet de la part de PMR pour des PMR », insiste-t-elle. Et cela ne se limite pas à Mouscron : l’idée est bien d’élargir à d’autres villes, après une première phase test localement.
« JE SUIS HANDICAPÉE, MAIS PAS DÉBILE »
Pas de grand effet d’annonce pour l’instant. La conférence de presse, elle, viendra en septembre. « Là, je bouge pour tester, pas pour faire du buzz », souligne Michèle Steurbaut. « On a déjà visité plusieurs endroits comme La Blommerie, l’Isola Bella, La Cloche ou encore la Brasserie de l’Ours. Ce sont des gens ouverts, à l’écoute. »
L’approche de l’ASBL est volontairement directe. « Je ne suis pas là pour faire la guerre à ceux qui ne veulent pas bouger, mais pour mettre en valeur ceux qui s’engagent », dit-elle. Elle cible avant tout les lieux avec une démarche de qualité : « Moi, je vise la gastronomie, les beaux endroits. Mais parfois, des snacks sont plus accessibles que des restos étoilés. Il faut le dire aussi, la restauration pour tous passe aussi par les brasseries et les restaurants du quotidien comme une pizzeria ».
Sans détour, Michèle met les pieds dans le plat : « Je suis handicapée, mais pas débile. Il y a des endroits où on n’a même pas pensé à l’accessibilité. Même dans le guide Gault & Millau, c’était flou jusqu’il y a peu. Maintenant, ils ont ajouté la mention ‘toilettes accessibles’. Et pour toute la Belgique, il n’y a que six adresses qui sortent… À Mouscron, on fera mieux, j’en suis sûre ».
Avec son binôme Emmanuelle Pétraman, elle met en place un processus rigoureux : « On vérifie nous-mêmes. Pas juste une rampe à l’entrée, mais l’accès complet, y compris aux sanitaires. Et quand c’est validé, on pose le logo. Il sera visible, et les infos seront publiées avec des photos sur notre site qui sera bientôt prêt, d’ici là nous postons tout sur Facebook ».
FAIRE BOUGER LES CODES DE LA RESTAURATION
« Les politiques n’ont pas encore compris qu’il était temps de faire bouger les choses pour les personnes handicapées. Je compte bien bouger les choses et je vois bien que mon projet commence à faire réagir, j’ai même prévu de rencontrer un ministre », regrette Michèle. Pour l’instant, PMR Croquons la vie avance sur base du volontariat et avec détermination. « Si on n’aide pas, qu’on ne fait pas de constat sur place, rien ne bouge. J’en ai parlé à d’autres, on réfléchit à structurer ça davantage ».
En attendant, l’ASBL lance un appel : « Chers patrons d’établissements accessibles, si vous souhaitez être labellisés ou même devenir membres testeurs, contactez-nous. On viendra, on vérifiera, et si tout est conforme, vous aurez votre logo ».
Par Ophélie Wagnon