Michèle Steurbaut redonne le goût de vivre aux personnes handicapées

Après une rupture d'anévrisme et un AVC, Michèle Steurbaut n'a pas laissé le handicap freiner ses passions. Gastronomie, vin et projets autour de l'accessibilité : cette Mouscronnoise déterminée inspire les autres à dépasser leurs limites.
michele steurbaut article 23 decembre 2024
Michèle Steurbaut, une femme de goût

Le regard pétillant, Michèle Steurbaut explique avec un calme incroyable et le sourire aux lèvres: « J’ai frôlé la mort deux fois ». Ces mots, prononcés sans la moindre tristesse, traduisent la force intérieure de cette femme qui refuse de se laisser définir par le handicap. Victime d’un AVC et d’une rupture d’anévrisme, elle a dû réapprendre à vivre. Mais pour elle, il n’a jamais été question de céder à la résignation: « Mon handicap aurait pu m’enfermer dans la solitude. Mais je suis une battante. La vie est trop précieuse pour que je la laisse m’échapper ».
Elle n’a pas seulement surmonté l’épreuve physique, elle a aussi trouve la force d’embrasser à nouveau ses passions. Ancienne professionnelle du vin, fondatrice de Ventdanges Scs, elle a côtoyé sommeliers, gagnants de la célèbre émission Top Chef ou encore chefs étoilés durant des années. Ce réseau précieux, elle le met aujourd’hui au service d’une nouvelle cause : ouvrir la restauration aux personnes handicapées : « Trop d’établissements prétendent être adaptés, mais en réalité, il y a encore beaucoup à faire».
C’est en observant les craintes et les frustrations d’autres personnes devenues handicapées du jour au lendemain que Michèle a eu l’idée d’un projet ambitieux: « Beaucoup n’osent plus sortir, de peur de déranger ou parce qu’ils ne trouvent pas de lieux adaptés à leurs besoins. Moi, je veux changer ça ».

UNE MISSION : OUVRIR LA GASTRONOMIE AUX OUBLIÉS
Avec son compagnon Michel, atteint de sclérose en plaques et se déplaçant en fauteuil roulant, elle a souvent été confrontée à des lieux qui se disent « accessibles» sans vraiment l’être.
« Certaines enseignes affichent un logo handicapé, mais en réa-lité, les toilettes sont imprati-cables, les espaces trop étroits, ou les aménagements insuffisants. Il est temps de repenser ce que signifie vraiment être accueillant ».
Michèle souhaite aller plus loin qu’un simple constat. Le 10 décembre dernier, elle a créé un groupe Facebook intitulé « Handicapés mais nous croquons la vie ». Ce lieu d’échange est rapidement devenu une petite communauté, où les membres partagent leurs bons plans, leurs expériences, mais aussi leurs doutes et leurs espoirs: « On se motive à vivre pleinement ».
Son ambition ne s’arrête pas là, elle travaille à recenser les restaurants véritablement adaptés aux personnes à mobilité réduite : « Il ne s’agit pas seulement de pouvoir entrer avec une chaise roulante. Il faut des toilettes accessibles, des espaces pratiques, et un vrai souci du détail pour que chacun puisse profiter d’une expérience agréable ».

LE DÉCLIC
Si Michèle porte ce projet avec tant d’ardeur, c’est parce qu’elle connait la douleur de perdre ses repères. « Quand on devient handicapé du jour au lendemain, après un accident ou une maladie, on est perdu. Tout semble plus difficile, et le moral est souvent au plus bas ».
Elle-même a traversé des périodes d’intense désarroi, mais a trouvé des ancrages précieux.
L’un d’eux, c’est l’eau. « Renager était un rêve que j’avais enfoui depuis longtemps », raconte-t-elle. Grâce à un groupe de parole à Mouscron : « Le handicap on en discute », ouvert en janvier 2024, elle a pu réaliser ce souhait à la piscine des Dauphins: « Ce moment, je ne l’oublierai jamais. Il m’a redonné une confiance que j’avais perdue ».
Inspirée par cette expérience, elle veut aujourd’hui offrir aux autres des instants de bonheur et de dépassement. « Les personnes handicapées ont souvent des rêves simples comme partager un bon repas. Mais ces rêves, pour beaucoup, semblent hors de portée. Mon rôle, c’est de leur montrer que c’est possible ».

IL SUFFIT DE CROQUER LA VIE
Michèle aime dire qu’elle est une « battante », mais son entourage va plus loin. « Certains de mes amis me disent qu’on oublie presque que je suis handicapée ». sourit-elle. Cette résilience, elle veut la transmettre à travers des actions concrètes, mais aussi des récits inspirants.
Avec sa détermination et son esprit positif, Michèle pourrait bien devenir une influenceuse du handicap, un rôle qu’elle envisage avec enthousiasme. « Si cela peut aider les autres, pourquoi pas ? Je suis prête à partager mes expériences, mes solutions, et mes coups de gueule aussi, car il y a encore beaucoup à faire ».

Par Ophélie Wagnon

Source : https://www.sudinfo.be/id932105/article/2024-12-22/la-mouscronnoise-michele-steurbaut-redonne-le-gout-de-vivre-aux-personnes

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PMR Croquons la Vie, le guide des restaurants accessibles, pour savourer la gastronomie en toute liberté.